Alors que la crise du logement demeure un enjeu majeur au Québec, une question essentielle s’impose: comment faire en sorte que chacun puisse trouver un logement adéquat à un juste prix? Si la réponse passe en partie par la construction de projets neufs et la mise en place d’outils favorisant la transparence dans le marché, elle repose aussi sur un pilier souvent méconnu du grand public : l’habitation communautaire.
Les groupes de ressources techniques : des bâtisseurs collectifs
Connaissez-vous les groupes de ressources techniques (GRT)? Ce sont des entreprises d’économie sociale vouées au développement de l’habitation communautaire. En d’autres mots, des promoteurs immobiliers à but non lucratif qui ont pour mission d’améliorer les conditions d’habitation des ménages à faible et modeste revenu. Loin de la logique spéculative, ces entreprises visent à créer des milieux de vie inclusifs, solidaires et abordables.

Parmi les GRT actifs au Québec, Bâtir son quartier se distingue comme un acteur incontournable. Il achète et bâtit dans la Grande région de Montréal et dans les Laurentides. Fondé en 1976, ce groupe a contribué à la création de plus de 15 000 logements communautaires à Montréal, en partenariat avec des organismes comme la Mission Bon Accueil, la Mission Old Brewery et plusieurs groupes de femmes. Chaque projet vise à répondre à un besoin réel, avec des bâtiments pensés pour les gens qui les habiteront.
Un levier sous-utilisé dans la lutte contre la crise
À l’heure actuelle, seulement 10,5% du parc locatif québécois est constitué de logements sociaux et communautaires. Ce chiffre, bien en deçà des besoins, montre à quel point ce secteur reste marginalisé malgré son rôle essentiel. Pourtant, ces logements offrent une stabilité résidentielle à des milliers de personnes exclues du marché privé et sont rentables pour les investisseurs.
Le rôle de Bâtir son quartier ne consiste pas à devenir propriétaire des projets, mais à en rendre possible la réalisation. De l’analyse de la faisabilité jusqu’au chantier, en passant par le montage financier, la recherche de financement public et privé, la sélection des professionnels et l’accompagnement des locataires, Bâtir son quartier agit comme moteur et soutien stratégique. Un vrai travail d’orfèvre qui transforme une simple idée collective en projet concret.

Une structure de financement hybride
Pour concrétiser ces projets d’habitation communautaire, le soutien public est fondamental, qu’il vienne du fédéral, du provincial ou du municipal. Mais Bâtir son quartier mobilise aussi des outils financiers privés. Le Fonds d’acquisition de Montréal (FAM) permet de faire des offres d’achat rapidement, question de s’assurer de ne pas perdre le lieu idéal. Le Fonds d’investissement de Montréal, de son côté, aide à acquérir des immeubles existants, à les retirer du marché et à les entretenir à long terme. Plusieurs fondations privées participent également à ces initiatives.
Construire autrement pour une société plus juste
Construire des projets résidentiels neufs est essentiel, ils répondent à une demande réelle d’un manque disponibilité. Mais cela doit se faire en complémentarité avec des initiatives communautaires pour répondre à la demande de logements abordables. Des projets comme ceux de Bâtir son quartier donnent accès à des logements de qualité, ancrés dans des quartiers vivants, tout en renforçant le filet social. Ils sont nécessaires à la société.

Le logement ne devrait jamais être un luxe. C’est un droit fondamental. Et pour que chacun puisse trouver un chez-soi à sa mesure, il faut continuer d’appuyer — et surtout de faire connaître — les initiatives comme celles de Bâtir son quartier.
Vous pouvez visionner la série documentaire de la réalisatrice Flavie Payette-Renouf Bâtir ensemble : du chantier à la communauté pour en savoir plus sur l’habitation communautaire!